Nichée au sud-ouest du Kenya, la réserve nationale du Masaï Mara est sans doute l’un des lieux les plus emblématiques d’Afrique pour les amateurs de safaris. Son nom seul évoque des images de savane infinie, de couchers de soleil flamboyants et de troupeaux de gnous en migration. Chaque année, des voyageurs venus du monde entier s’y pressent pour vivre le rêve d’un safari africain authentique. Pourtant, entre une affluence devenue presque déraisonnable à certaines périodes de l’année, et une hausse non négligeable de ses droits d’entrée, la question est légitime : est-il toujours intéressant de visiter la réserve du Masaï Mara ? Nous essayons de vous y répondre de manière totalement objective et transparente.
Une concentration animale inégalée
La première richesse du Masaï Mara, et celle qui attire inlassablement les visiteurs, c’est bien entendu sa faune. On y observe une densité d’animaux tout simplement exceptionnelle. Les célèbres “Big Five” – lion, léopard, éléphant, rhinocéros et buffle – y sont présents (même si les rhinos restent difficiles à observer), mais aussi des milliers de zèbres, de girafes, de gnous et de nombreuses autres espèces. Cette abondance rend le safari particulièrement intéressant car, contrairement à d’autres réserves où les animaux peuvent se faire rares, ici, il est impossible de rentrer d’une journée bredouille.
Le Masaï Mara est d’ailleurs particulièrement réputé pour ses prédateurs. Les lions y vivent en grand nombre, les guépards profitent de l’horizon dégagé pour lancer leurs courses fulgurantes, et les léopards se camouflent dans les acacias. Même avec plus de visiteurs, ces scènes de chasse et d’interactions naturelles continuent d’être accessibles à ceux qui prennent le temps d’explorer.
Le théâtre de la Grande Migration
L’événement phare du Masaï Mara est sans conteste la Grande Migration. Chaque année, entre juillet et octobre, près de deux millions de gnous, accompagnés de centaines de milliers de zèbres et de gazelles, traversent la rivière Mara au prix de leur vie. Les crocodiles embusqués, les félins opportunistes et la force du courant font de ce spectacle un moment à la fois dramatique et fascinant.
Même si cette migration attire des foules, elle se déploie sur une vaste étendue de la réserve. Il est donc tout à fait possible de trouver des zones moins fréquentées pour assister à ces scènes mythiques. La grandeur du phénomène dépasse de toute façon l’impression d’affluence : le grondement des sabots et la poussière qui s’élève de la savane captivent l’attention bien au-delà de la présence d’autres véhicules.
Une immensité qui dilue la fréquentation
La réserve couvre près de 1 500 km², et ses paysages sont bordés par le Serengeti tanzanien. Cette immensité est un atout majeur : elle permet de répartir les visiteurs et d’éviter la sensation d’un espace saturé. En dehors des points très populaires – comme certains passages de la rivière pendant la migration – de vastes zones demeurent calmes, offrant aux voyageurs une expérience plus intimiste.
De l’autre côté de la rivière Mara, à l’ouest, se trouve le « Mara Triangle« . Région plus isolée et donc beaucoup moins fréquentée, elle offre une opportunité de safari plus à l’écart du monde. Seule une poignée de lodges y ont élu domicile, tous le long de la rivièreMara, et proposent un séjour haut-de-gamme pour une expérience « out of africa » d’exception.
Des initiatives pour préserver l’écosystème
Certes, la hausse de fréquentation pose des défis. Mais loin de se laisser déborder, le Kenya a mis en place de nombreuses initiatives pour protéger son joyau. Les droits d’entrée dans la réserve, en forte hausse depuis 2024 (sur les mois de juillet à décembre uniquement) financent en partie la conservation et la lutte contre le braconnage. Les concessions privées, en limitant l’accès et en reversant une part de leurs revenus aux Masaï, créent un cercle vertueux où le tourisme soutient directement la biodiversité et l’économique locale.
De plus, de nombreux opérateurs de safaris adoptent aujourd’hui une approche responsable : véhicules électriques, limitation du nombre de visiteurs sur certaines zones sensibles, sensibilisation des voyageurs à la protection de l’environnement. Le tourisme, lorsqu’il est bien géré, devient ainsi un allié de la préservation.
Comment visiter le Masaï Mara loin des foules ?
Entre juin et décembre, et particulièrement au moment de la grande migration, le safari peut malheureusement perdre de son charme et il nous est arrivé de tomber sur des scènes ubuesques où un conglomérat de 30, 40 voire 50 landcruisers encerclaient une poignée de prédateurs en plein festin, klaxonnant pour avoir le meilleur angle de vue et satisfaire au mieux ses passagers -sans doute dans l’optique d’un bon pourboire. Ce triste constat n’est heureusement pas légion, et la plupart des safaris permet une approche plus authentique, mais il faut tout de même avoir conscience de cette possibilité. Pour y remédier, nous avons trouvé deux principales solutions:
- Partir hors période de vacances scolaires, le mieux étant même de prévoir un safari durant la saison verte (mars-mai): en effet, les dérèglements climatiques ne permettent plus aucune certitude sur la météo, et il arrive fréquemment que les pluies arrivent bien plus tôt, bien plus tard, ou pas du tout ! En outre, même si elles tombent au moment de votre voyage, cela ne compromettra en rien le bon déroulé de votre safari. Il s’agit la plupart du temps d’1 ou 2h de pluie par jour, très localisée et rapide, couvrant le ciel de lourds nuages noirs disparaissant aussi vite qu’ils sont apparus. Les lumières sont à cette période magiques, les paysages verdoyants, les naissances ont eu lieu, et la savane est quasi désertée par les 4×4 !
- Les concessions privées, attenantes à la réserve nationale, n’ont pas la problématique de la sur-affluence en haute saison car, à de rares exceptions près, elles n’acceptent pas de visiteurs résidant à l’extérieur de leurs territoires et offrent donc une expérience de safari plus exclusive. Elles permettent également de faire des safaris de nuit, des safaris à pied et des apéritifs au coucher de soleil, interdits dans la réserve. Les safaris dans ces concessions sont encadrés par les guides des lodges, particulièrement experts de leur terrain, ce qui favorise les observations et les anecdotes sur chaque espèce rencontrée.
Une magie intemporelle
En fin de compte, si le Masaï Mara continue de séduire malgré sa sur-fréquentation périodique, c’est parce qu’elle possède une magie intemporelle. La lumière dorée du matin sur les plaines, le rugissement d’un lion dans la nuit, le frémissement de la savane quand un troupeau s’approche… Ces instants échappent à la foule et restent profondément personnels.
Peu importe le nombre de visiteurs, chaque safari réserve son lot d’émotions uniques, comme si la nature offrait à chacun une scène exclusive. C’est ce mélange de grandeur et d’intimité qui fait du Masaï Mara une destination inoubliable, hier comme aujourd’hui.
