La Tanzanie est définitivement une destination incontournable pour partir faire un safari en Afrique, cependant, ce sont à très grande majorité les parcs du nord qui sont ciblés par les voyageurs. Il faut dire que le cratère du Ngorongoro et le parc national du Serengeti, notamment, concentrent une faune exceptionnelle et ont toujours figuré dans la top list des meilleurs endroits pour partir sur les traces de Simba, zazou et leurs petits amis. D’ailleurs, c’est du Serengeti que se sont inspirés les studios Disney pour la production du magistral « Roi Lion », avec entre autres les iconiques formations rocheuses, terre des lions, que l’on nomme en Tanzanie « kopjes ».
Pourtant, il existe une autre Tanzanie des safaris, celle du Sud sauvage. Avec comme porte d’entrée l’ancienne capitale Dar Es Salam, nichée sur la côte non loin de l’archipel de Zanzibar, les parcs nationaux de Nyerere –anciennement Selous- et Ruaha sont des géants méconnus qui n’attendent que de l’être plus, pour permettre à leurs voisins du nord de se libérer un peu de l’affluence touristique grandissante et parfois trop pesante pour des voyageurs en quête d’authenticité. La Tanzanie étant la destination n°1 de l’agence, il était temps pour Augustin et Lénaïc de partir à la découverte de cette autre Tanzanie, plus confidentielle et secrète, permettant des safaris plus exclusifs. Alors, voici sous leur plume un retour de terrain permettant de répondre à quelques questions dont celle que nous posent nombre de nos clients : pour un safari en Tanzanie, vaut-il mieux privilégier le nord ou le sud ?

En 2024, Air France s’est arrêtée de desservir la ville de Dar Es Salam au départ de Paris. Pour s’y rendre, il ne nous restait plus qu’une poignée de compagnies transitant via leur hub, parmi lesquelles KLM, Qatar Airways et Emirates font office de leaders –Ethiopian Airline et Kenya Airways ne garantissant pas la même fiabilité sur leurs rotations et leurs horaires. C’est Emirates que nous avons finalement choisie, sans regret : premier vol vers Dubaï à bord d’un A380 de haut standing, même en classe éco (bons repas, couverts en inox, casque de qualité, confort des sièges, large choix de divertissements sur un écran de taille très honorable…), suivi d’un vol à peine plus court sur Boeing 777 avec mêmes services à bord. Seul bémol, peut-être plus impactant pour les familles avec jeunes enfants : l’escale se faisant grosso modo à mi-chemin, c’est souvent dans la nuit ou très tôt le matin qu’elle arrive, prévoir donc une nuit un peu écourtée…
A peine arrivés sur le tarmac brûlant de Dar Es Salam, et après avoir effectué notre formalité de visa au rythme très local du pole pole, nous sommes transférés vers le terminal domestique voisin pour embarquer à bord d’un avion taxi type Cessna 16 places, cette fois-ci pour notre destination finale des prochains jours : le parc national de Nyerere. 40mn de vol au-dessus de la brousse, et nous atterrissons sur la piste rouge pour un premier dépaysement dans cet environnement sec de savane broussailleuse, impatients de démarrer notre aventure. Nous rencontrons notre guide qui encadrera les safaris durant les prochains jours, et sommes transférés vers notre lodge, un havre de paix et de luxe planté au cœur de la brousse, non loin du lac Siwandu.


Rapidement, nous sommes informés que les premières pluies sont arrivées il y a quelques jours, et avec elles le mouvement des animaux se dispersant à travers les quelques 30 000km² de superficie que représente le parc. En effet, quand les animaux ne sont plus contraints de se rassembler autour de quelques points d’eau seulement, ils profitent de l’aubaine et s’éparpillent. Dans des parcs comme ceux du sud tanzanien, cela rend leur observation plus compliquée car ces zones sont plus boisées, favorisant les cachettes…
Pendant nos 3 jours dans le parc de Nyerere, nous observerons donc relativement peu d’animaux. Relativement, car sur chacune de nos sorties, nous croiserons tout de même girafes, zèbres, buffles, hippopotames, crocos, antilopes (cobes, impalas, koudous principalement), phacochères, quelques éléphants et même une famille de lions, sans oublier une multitude d’oiseaux. Alors certes, comparativement aux parcs du nord, la densité animalière est moindre, pas de grands troupeaux, mais les rencontres se font en toute intimité, sans autre véhicule autour de nous. Concernant la végétation, on distingue un bush dense traversé par quelques pistes, mais surtout de magnifiques lacs (Mzizima, Siwandu et Nzerakera) aux pourtours verdoyants, plantés de palmiers, papyrus, baobabs et troncs d’acacias morts qui se reflètent superbement dans les eaux infestées de crocos et hippos. Cette zone ressemble fortement au Botswana, particulièrement à la région de l’Okavango. C’est donc ici que nous effectuons principalement les safaris, avec des lumières absolument magiques au lever et coucher de soleil, de quoi trinquer à l’Amarula !





Cap maintenant vers le parc de Ruaha, que l’on rejoint par un vol d’1h30 environ à bord d’un petit Cessna identique à celui de l’aller. On gagne quelques degrés, les paysages semblent un peu plus ouverts qu’à Nyerere. Ici, pas de lacs, mais des rivières, dont la Ruaha qui file jusqu’à Nyerere puis l’océan indien. Bien entendu, les lodges sont plantés sur leurs rives, théâtre de l’animation animalière… et pour preuve, dès notre arrivée, de l’autre côté de la rivière asséchée, un troupeau d’éléphants se planque à l’ombre des acacias, attendant un répit de l’astre solaire pour activer leur marche. Cocktail à la mangue face à cette scène réjouissante, qui ne sera pas la seule : pendant nos 2 jours au lodge, il nous aura fallu toute vigilance pour ne pas se faire piétiner par ces pachydermes venus se rassasier autour de notre tente. Le guide masaï veillait, bien sûr, mais la rencontre nez à nez avec de tels mastodontes, et surtout les dizaines de minutes à les observer de très près depuis le deck de notre habitation, nous laisseront un sacré beau souvenir. Si placides, si discrets, et pourtant si imposants…

Nos safaris se dérouleront là encore tantôt en milieu boisé, où il est difficile de repérer les mouvements, tantôt à travers de vastes plaines plus aérées, herbeuses et verdoyantes, à proximité de rivières. C’est ici que nous nous retrouverons souvent au milieu de familles de girafes, d’éléphants, d’antilopes, de zèbres, gnous, buffles… cette fois, pas de prédateurs, mais de nombreux indices de leur présence (traces de lions, lycaons, rugissements etc.). La zone de Msembe est plus intéressante en termes de densité animalière, car concentre plus de cours d’eau. On y observe notamment, en saison, d’immenses troupeaux d’éléphants, les plus imposants de toute l’Afrique de l’Est. La population de lions est aussi importante, et les observations de lycaons ne sont pas rares. Toutefois, c’est également la zone du parc qui regroupe le plus de lodges, il n’est pas impossible de se retrouver au milieu de nombreux autres véhicules 4×4 – à noter cependant qu’il n’y a rien de comparable à la fréquentation des grands parcs du nord, même durant la haute saison.





Notre visite du sud s’achève, après des moments incroyables, d’une rare densité émotionnelle face à la faune, et avec cette conclusion : les parcs du sud tanzanien sont une excellente alternative aux parcs du nord durant la haute saison de fréquentation, c’est-à-dire durant la saison sèche, qui s’étale de juin à octobre. Ils offrent une expérience haut de gamme, plus exclusive donc, avec une approche de la faune différente, mais requièrent également, il faut bien le dire, un budget plus élevé dû aux transferts par avion brousse et au prix des lodges, plus importants que dans le nord (on paye l’isolement et la faible concurrence…). Durant cette période sèche, la faune reste moins dense que dans le nord, mais avec une grande variété d’espèces, de nombreux félins, éléphants, antilopes… Pendant la saison verte, les ornithologues seront aux anges, avec plusieurs centaines d’espèces d’oiseaux migrateurs venus profiter de la chaleur du continent.
Notre bon plan : pour ceux qui veulent partir en safari en Tanzanie, et sont conquis par le sud, nous suggérons de partir en juin voire en février. Ces deux périodes permettent d’excellents rapports qualité-prix, tout en promettant des rencontres animalières exceptionnelles (particulièrement en juin, mais aussi en février pour les immenses troupeaux d’éléphants)

